Le Réseau Téléphonique Commuté (RTC), la base de la démocratisation de la téléphonie fixe il y a quarante ans, vit ses dernières années de service.
Devenu obsolète avec la téléphonie mobile et Internet, nous allons voir que pour de nombreux cas et secteurs professionnels, la fin du RTC n’est pas une formalité et doit faire l’objet d’une migration réfléchie.
Le RTC, c’est quoi ?
Le RTC, Réseau Téléphonique Commuté, est la technologie qui supportait, notamment, les appels téléphoniques au tournant des années 80. Elle était symbolisée par la fameuse prise “T” présente dans la quasi-totalité des foyers français.
C’était à l'époque une petite révolution car le RTC permettait de se passer du raccordement manuel entre l'émetteur et le destinataire de l’appel, qui était effectué jour et nuit par des milliers d’opératrices.
Comment fonctionne le RTC ?
Chaque téléphone est relié à un réseau local, lui-même relié au réseau national, lui-même connecté au réseau international, ainsi qu’aux autres technologies de téléphonie.
Pourquoi la fin du RTC ?
Depuis près de 20 ans, le RTC est de moins en moins utilisé. En effet, la téléphonie passe désormais par la box Internet (le téléphone fixe se branche sur la box). A titre d’illustration, cette technologie dite de voix sur IP (VOIP), rend inutilisable nos vieux téléphones à cadran.
Ceux-ci ne peuvent pas être branchés sur la box mais uniquement sur la prise T, sauf avec des boîtiers de conversion d’impulsion, distribués de manière très confidentielle pour des passionnés. Inutile de préciser que l’ampleur prise par la téléphonie mobile a aussi diminué l’importance d’une ligne fixe pour les particuliers.
La fin du RTC est un mouvement généralisé dans l’ensemble des pays occidentaux. C’est une technologie devenue obsolète et dont le maintien ne fait plus sens, pour plusieurs raisons :
- Son utilisation est en constante diminution,
- Elle ne permet pas de système unifié avec le reste des technologies de télécommunication,
- Elle est très chère à entretenir,
- Elle devient quasiment impossible à réparer, les appareils reposant sur le RTC et leurs pièces de rechange n’étant plus produits nulle part dans le monde depuis plusieurs années.
C’est donc une évolution naturelle qui correspond aux transformations des techniques et des usages, qu’ils soient privés ou professionnels.
A noter que la fin du RTC ne constitue en aucun cas la fin du réseau de câbles en cuivre qui continue de supporter par exemple l’ADSL. Celui-ci continuera d’être utilisé, y compris pour un usage téléphonique mais en VOIP.
La multiplication des antennes, du réseau de fibre optique et la généralisation des terminaux fonctionnant via des puces M2M vont toutefois progressivement rendre l’utilisation du réseau cuivre marginale sur les prochaines décennies.
Pourquoi est-ce globalement une bonne nouvelle ?
Les technologies alternatives sont aujourd’hui matures et la couverture cellulaire largement suffisante pour toutes deux remplacer le RTC.
Elles vont permettre aux entreprises et collectivités encore utilisatrices de repenser leur infrastructure de communication interne et externe. La facture finale sera moins élevée et les fonctionnalités bien supérieures.
Quel est le calendrier de la fin concrète du RTC ?
L’arrêt du RTC a déjà débuté mais sera très progressif. Depuis 2018, Orange (qui gère les lignes de France Télécom) ne commercialise plus de nouvelles lignes RTC. L’opérateur historique les fermera à partir de 2023, une zone géographique après l’autre jusqu’en 2030.
En effet, le réseau RTC est construit par “plaques” géographiques. Le détail des fermetures est disponible sur le site de la Fédération Française des Télécoms.
Chaque utilisateur a donc plusieurs années pour anticiper cette rupture de service et migrer vers une alternative.
Quels sont les secteurs impactés par l'arrêt du RTC ?
Pour la plupart des particuliers, la fin du RTC sera invisible. La grande majorité des particuliers passent déjà leurs appels en VOIP depuis une box. Celles et ceux qui ne souhaitent pas en acquérir et qui préfère ne conserver qu’un service de téléphonie fixe (sans box Internet) pourront obtenir un petit boîtier de conversion et continuer à utiliser leur téléphone.
En revanche, c’est moins vrai pour les entreprises et les collectivités. De nombreux systèmes télécoms professionnels transitent encore via le RTC. Il y a naturellement les systèmes “autocom”, les standards téléphoniques qui existaient dans toutes les organisations depuis les années 80.
Si la plupart ont été déjà remplacés par des systèmes modernes et intégrés, certains sont encore en service, y compris pour des services publics.
Il y a ensuite, et c’est le cœur de la problématique, la multitude de terminaux disséminés sur le territoire, par exemple :
- Les terminaux de paiement bancaire.
- Les systèmes de télérelève des compteurs (eau, gaz, électricité).
- Les téléalarmes et télésurveillance,
- Les pointeuses et badgeuses,
- Les fax et télécopieurs,
- La détection de pannes des machines industrielles et leur télémaintenance,
- Les lignes d’appels d’urgence, surtout les ascenseurs,
- Les machines à affranchir le courrier postal.
Pour avoir un ordre d’idée de l’ampleur du problème :
1. Il y avait encore, en 2017, 450 000 ascenseurs utilisant encore un appel d’urgence en RTC rien qu’en France. Il est difficile d’avoir un chiffre exact mais le chantier est considérable.
2. Toujours en 2017, 250 000 commerces indépendants utiliseraient un terminal de paiement électronique en RTC. On pense aux boulangeries ou autres petits commerces de quartier.
De nombreux hôpitaux ou grands ouvrages (type barrages hydroélectriques) ont des systèmes d’alarme encore équipés en RTC. L’avantage principal du RTC dans le domaine de l’appel d’urgence est qu’il fonctionne sans électricité.
Afin de limiter le coût de rénovation des installations et de maintenir un service infaillible, l’alternative s’avère souvent être le cellulaire.
Découvrez en plus à travers le replay de notre webinar dédié.
Comment assurer la transition pour faire face à la fin du RTC ?
1. Un audit complet des installations
Pour les petites entités (PME monosite, commerces), il conviendra de vérifier via une facture détaillée de son opérateur quels numéros sont encore en service et à quels terminaux ils correspondent. C’est assez simple mais essentiel de le faire de manière exhaustive.
En effet, il est possible d’avoir des “flux cachés”, c’est-à-dire des services dont on a oublié l’existence mais qui sont indispensables.
A titre d’exemple :
- Une alarme dans la cave d’un commerce,
- Un fax que l’on utilise que quelques fois par an,
- Le bouton d’appel d’urgence dans le fond d’un entrepôt,
- Un compteur qui transmet des informations via un modem bas débit,
- Le raccordement téléphonique d’un sous-sol d’archives.
Pour les plus grandes organisations (centrales électriques, industries multisites), un audit externe peut s’imposer pour s’assurer d’une migration contrôlée et totale.
Une fois l’ensemble de ces terminaux spécifiques listé, il convient de remplacer l’ensemble de la chaîne technique.
2. L’adaptation des frontaux et serveurs
Pour illustrer ce point, prenons un exemple concret dans la télérelève.
Avec le RTC, les postes de supervision ne peuvent effectuer qu’un appel à la fois vers les différents équipements connectés, impliquant des temps de télérelève élevés et des besoins hardware très importants.
Du côté client, les équipements utilisent le protocole GSM data afin de remonter les données.
Ce protocole repose sur le concept de pooling : les équipements distants sont appelés les uns après les autres en respectant une queue.
Cette méthode impose des limitations techniques et économiques comme la facturation par voix à la minute.
Avec l'arrivée de la fin du RTC, les entreprises doivent être en capacité de migrer vers le protocole IP. Ce basculement peut s’avérer coûteux dans un premier temps pour certaines entreprises. Afin de gérer ses données via IP, il faut également adapter ses serveurs locaux ou les envoyer vers le cloud.
Qu'est-ce l'IP apporte concrètement par rapport au GSM data ?
Grâce au protocole IP, les équipements peuvent faire des appels simultanés au poste de supervision. Ce qui représente un gain de temps en collecte de données. En plus, la facturation sera effectuée sur la base du volume de data échangé.
Pour aller plus loin : Fin du RTC : Vers un passage prometteur à l'IP
3. Paramétrage ou changement des équipements terrains et terminaux
Pour l’ensemble des équipements de terrain qui doivent être remplacés ou reconvertis, il s’agit de faire un bon technologique de 40 ans.
Les entreprises doivent faire face au hardware qui va devenir vite obsolète. Pour le secteur de l'énergie, cela représente plusieurs dizaines de milliers de dispositifs.
L'impact financier est important : il faut prévoir le remplacement de tous les équipements terrain et mobiliser les techniciens pour effectuer les interventions.
Quelles sont les alternatives à la fin du RTC ?
Afin de remplacer la liaison téléphonique RTC, il vous faut un accès Internet : soit câblé (ou Wifi), soit en cellulaire.
Modifier des kilomètres de câbles ou des centaines de relais Wifi n’a pas beaucoup de sens lorsqu’il s’agit de remplacer un nombre défini de terminaux dans certaines zones d’un site ou d’un commerce.
Pour toutes les utilisations liées à une urgence, comme dans les ascenseurs, il faut également que la liaison fonctionne en cas de panne électrique. Cette panne peut être justement la raison de l’arrêt de l’ascenseur.
C’est pourquoi dans bien des cas, la solution cellulaire est bien plus facile d’installation et correspond aux impératifs d’utilisation, notamment en termes de sécurité, qu’était le feu RTC.
Mais le passage au cellulaire avec une puce M2M présente bien d’autres avantages qu’un simple remplacement d’une liaison téléphonique. La transition à une technologie moderne et compatible avec le reste de l’écosystème IoT représente un bénéfice considérable pour l’utilisateur final et l’ensemble de la chaîne de valeur.
Voici trois caractéristiques de la technologie cellulaire M2M :
1. Facturation flexible, correspondant à l’usage et au volume de data
Alors que le RTC nécessite des frais de maintien de ligne (même faiblement utilisée) et de maintenance, la solution M2M permet une facturation à l’usage, c’est-à-dire au volume de data consommé. Une ligne mobile est 2 à 3 fois moins chère qu’une ligne RTC.
2. Sécurisation des données échangées
Le réseau cellulaire est connu pour assurer des communications fiables. Avec un APN dédié et un VPN, une liaison sécurisée se crée entre le réseau opérateur et le serveur du client.
3. Maintenance à distance
La mise en place d’un APN privé, couplé à une carte SIM multi-opérateur représente une solution viable pour assurer la maintenance à distance de ses équipements : soit pour avoir un accès à distance soit pour effectuer des tests cycliques de fonctionnement.
Ce qu'il faut retenir
Avec l'arrivée des nouveaux réseaux rendant obsolète le RTC, sa fin était inévitable.
Maintenir ces installations n’a plus aucun sens et représente un coût supérieur pour des fonctionnalités extrêmement limitées.
Les alternatives technologiques sont aujourd’hui totalement matures pour prendre le relais du RTC, et le calendrier d’arrêt des services très anticipé, laissant à tous, particuliers, entreprises et collectivités, le temps d’anticiper une migration réfléchie.
Pour un usage M2M, le GPRS (et plus tard le LTE-M/NB-IoT) est le choix évident pour assurer cette transition.
Certes, le coût de cette migration sur le court terme est conséquent :
- Mise à jour logicielle des équipements,
- Changement des modems RTC,
- Déplacement des techniciens sur le terrain.
En revanche, utiliser le réseau cellulaire avec le protocole IP permettra de réaliser des économies de coût sur le long terme que ce soit au niveau des abonnements M2M ou de la durée de vie des équipements.