Afin de bien comprendre comment tirer parti de cette révolution technologique, déjà profondément enclenchée, nous allons prendre l’exemple d’une petite entreprise, un atelier de confection de tissus haut de gamme, familial, situé dans une grande ville.
Ses clients B2B sont de grands noms de la mode, mais il a également une offre B2C : les chutes de tissu qu’il vend aux étudiants de l’école de mode, située tout près, pour leurs projets.
L'arrêt du RTC signifie pour cette entreprise une remise à niveau de l’ensemble de ses installations, afin d’éviter une rupture de service après 2023.
Notre atelier, dans son bâtiment de 3 niveaux, dispose de plusieurs dispositifs RTC depuis son installation dans les années 80, dispositifs qu’il n’a jamais pris le temps de remplacer. Un audit complet, factures téléphoniques à l’appui, fait état de :
Nous allons passer en revue quatre avantages principaux de la transition RTC-IP à la lumière de cet exemple concret.
Comme, encore aujourd’hui, de nombreux petits commerces de centre-ville (boulangeries, épiceries, boucheries), notre atelier n’a pas changé son Terminal de Paiement Electronique (TPE) - indispensable pour les paiements par carte bancaire - qui fonctionne sur une connexion RTC.
Les étudiants qui viennent acheter les tissus se concentrent aux mêmes heures : entre les cours et souvent quelques jours avant la remise de leurs projets.
Dans le cadre notre exemple et pour tous les commerces qui sont sujets à des concentrations de clientèle à certaines heures, le passage à l’IP pour le paiement électronique est un atout de poids.
On se souvient tous des latences interminables avant d’avoir son paiement par carte bancaire accepté, le vendeur nous disant que cela arrive tout le temps.
C’est particulièrement rageant dans les boulangeries, où les clients se rendent le matin, le midi ou après le travail (pour prendre son pain, typiquement), créant des files d’attente notamment liées au moment du paiement.
Les différences de latence entre un TPE connecté en RTC, en 3G GPRS ou en IP sont monumentales.
Comparaison des temps de latence : IP > GPRS > RTC
Dans un monde où l’argent liquide laisse toujours plus de place, année après année, aux paiements électroniques, diviser par dix la séquence liée au paiement est un atout indéniable.
Dans notre exemple, les clients du magasin de tissu paient en très grande majorité en carte bancaire, comme beaucoup d’étudiants, ils n’ont que rarement des espèces.
Remplacer le TPE va considérablement fluidifier le processus d’achat dans les petits commerces (les grandes surfaces sont déjà toutes équipées en TPE IP ou 3G, ou de caisses intelligentes).
Au-delà du gain de temps, un TPE RTC génère des coûts d’usage supérieurs car facturés “à l’appel” (0,9 centime en moyenne). Oubliées également, les ventes manquées à cause d’un vieux modèle de TPE en panne, capricieux ou trop lent.
L’avantage principal des objets connectés réside dans les communications qu’ils peuvent établir entre eux afin de générer de nouveaux usages.
Toujours dans le cadre de notre exemple, nous allons nous intéresser dans cette partie à certains dispositifs présents dans notre atelier de confection :
Pour chacun de ces dispositifs, les coûts de fonctionnement sont élevés et mal maîtrisables, les pannes sont récurrentes et aucune donnée ne permet d’avoir une vue d’ensemble des utilisations.
La fin du RTC et le passage à l’IP induisent que :
L’ensemble de ces dispositifs communiquent et sont centralisés sur une plateforme IoT unique qui permet au dirigeant de l’entreprise d’avoir une vue d’ensemble de son bâtiment, des mouvements et des accès.
En fonction de son poste, chaque salarié a accès à des parties différenciées de l’atelier, notamment la réserve et les zones de stockage, qui contiennent des produits de haute valeur.
Le système de badge a également permis de mettre à disposition des étudiants de l’école une petite partie de l’atelier, avec un accès dédié, qui permet de renforcer les liens avec ces potentiels clients du magasin, et aussi l’école qui loue cette partie du bâtiment.
Le passage à l’IP a permis une meilleure sécurité des accès et un développement des sources de revenus pour notre atelier de confection.
Le bond technologique s’est fait sans changer l'ascenseur ni les portes, juste leur système de fermeture ou de commande : une procédure appelée rétrofit.
❝ Le rétrofit, dans le langage de l’IoT, consiste à équiper d’anciennes machines industrielles de capteurs afin de pouvoir récupérer des données sur leur fonctionnement, mieux comprendre, voire anticiper, leurs pannes et améliorer les flux de production.
Cela permet également de prolonger la vie des machines complexes et coûteuses en les adaptant aux environnements industriels de plus en plus connectés. ❞
Dans l’exemple évoqué précédemment, le passage du RTC à l’IP génère des économies intrinsèques liées aux factures de téléphonie. En effet, il s’agit de se débarrasser de lignes téléphoniques dont le seul maintien en service est facturé (même si la ligne n’est pas utilisée).
Le protocole IP permet au contraire une facturation à l’usage (à la quantité de données transmises).
Les dispositifs RTC supportent des coûts directs et indirects nettement supérieurs aux nouveaux dispositifs :
Le passage à l’IP, et les terminaux modernes connectés, vient réduire chacun de ces postes de coût :
Les données récupérées, transmises et analysées permettent aux fabricants ou services de maintenance d’anticiper les pannes, d’intervenir en amont, avec les pièces appropriées, et d’éviter même une rupture de service.
C’est ce que nous allons développer dans le point suivant.
Le passage du RTC à l’IP signifie l’intégration d’une flotte d’objets connectés. Comme nous l’avons montré, le coût de leur utilisation, purement lié à la téléphonie, est déjà inférieur à celui d’une ligne RTC.
Au-delà, ils permettent d’aller bien plus loin dans le bon fonctionnement d’une entreprise ou d’une organisation, quelle que soit sa taille, en rendant considérablement plus efficace les opérations de maintenance et de supervision.
Nous allons nous intéresser maintenant aux deux autres dispositifs RTC de l’atelier que nous n’avons pas évoqués : les compteurs d’eau et d’électricité, et la détection de pannes pour les machines à tisser.
Notre atelier à une installation de conduites d’eau et de chauffage vieillissante, mais qu’il n’est pas en mesure financièrement de remplacer à court terme.
Le système d’alerte pour la panne de la machine fonctionne encore mais chaque panne nécessite la visite d’un spécialiste.
Voici comment s’opère la transition sur ces deux installations :
Seuls les compteurs d’eau et d’électricité ont été remplacés pour un montant très faible. Si une fuite d’eau ne peut être évitée, elle peut désormais être maîtrisée en quelques heures, avant d’inonder une partie de l’atelier. Le nombre de sinistres graves est réduit, comme le nombre de marchandises détruites.
Le gérant de l’atelier peut connaître à tout moment quelles lumières et quelles machines sont restées allumées sans raison (le soir ou le week-end), par exemple après que les étudiants aient quitté les lieux.
La durée pendant laquelle les machines étaient hors services pour réparation a été considérablement réduite, compensant très largement le coût de l’installation des capteurs (dits IIOT pour Industrial Internet Of Things).
La transition du RTC à l’IP permet des avantages qui, au-delà de générer des gains immédiats sur les factures, permettent de nouveaux usages et synergies.
Bien menée, la transition des terminaux permet de créer de nouveaux espaces de croissance et un meilleur contrôle de ses actifs.
Comme l’exemple fictif de notre atelier de confection, il s’agit de profiter de renouvellement des dispositifs pour entrer pleinement, avec un budget maîtrisé, dans la révolution de l’Internet des objets.